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Utiliser les phéromones de fourmi comme répulsif contre les tiques?

Gros plan d'une tique à pattes noires sur une feuille.

La tique à pattes noires peut transmettre la maladie de Lyme.

Photo : Fourni par Claire Gooding

Selon une étude publiée dans la revue scientifique Royal Society Open plus tôt cette année, les phéromones de fourmis pourraient protéger les randonneurs et les campeurs des tiques à pattes noires et des maladies qu'elles transmettent, comme la maladie de Lyme.

Des chercheurs de l'Université Simon Fraser (SFU) affirment, dans leur étude (Nouvelle fenêtre), que les tiques évitent les surfaces foulées par des fourmis même après le départ de celles-ci.

Ils ont fait cette découverte lorsqu'ils ont décidé d'étudier la façon dont les tiques évitent les fourmis, un de leurs prédateurs.

Les fourmis sont des insectes très sociaux, explique l’auteure principale de l’étude, Claire Gooding. Elles utilisent toute une gamme de phéromones pour communiquer les unes avec les autres.

Claire Gooding dans son laboratoire à l'Université Simon Fraser.

Claire Gooding dans son laboratoire à l'Université Simon Fraser.

Photo : Fourni par Andreas Fischer

Elles [les fourmis] sont chimiquement bruyantes. Et pour ceux qui perçoivent le monde chimiquement, il est facile de prédire où elles seront, basé sur leurs phéromones. Elles [les tiques] ont pu voir qu’il y avait des fourmis et se dire : je ne vais pas y aller, parce qu’il pourrait y avoir des fourmis ou des fourmis pourraient être ici bientôt.

Une citation de Claire Gooding, candidate à la maîtrise, Sciences biologiques, Université Simon Fraser

Claire Gooding et ses collègues ont donc identifié les phéromones des fourmis, puis ils ont travaillé avec des chimistes pour en créer une version synthétique que les tiques voudront aussi éviter.

Deux fourmis guêtrées mangent une tique à pattes noires.

Deux fourmis guêtrées mangent une tique à pattes noires.

Photo : Fournie par Claire Gooding

Endroits et moments populaires

Il est très fréquent de rencontrer des tiques l’été et dans les sentiers, explique Claire Gooding.

Les tiques aiment les endroits et les temps de l’année [les plus] populaires, lorsque tous aiment être à l’extérieur pour profiter du beau temps.

Les chercheurs espèrent maintenant commercialiser leur découverte, afin de l'utiliser pour dissuader les tiques d'envahir une zone ou d'entrer dans des sentiers de randonnée ciblés.

Si l'on est capable de faire un mélange synthétique avec des composantes des glandes, on pourrait être capable de développer un répulsif qui pourra être appliqué soit directement sur la peau ou même sur les vêtements, explique Charlotte Pinard, membre de l'équipe de recherche.

Maladie de Lyme

Les tiques sont porteuses d'environ 16 agents pathogènes pour les humains et elles sont aussi connues comme vecteur de la maladie de Lyme qui est très difficile à gérer, explique Charlotte Pinard.

Les recherches sur le comportement des tiques de l’équipe de SFU et ses possibles applications sont vues d’un bon œil par la présidente de l’Association canadienne de la maladie de Lyme, Janet Sperling.

L'éruption cutanée ayant l'aspect d'une cible caractéristique d'une piqûre de tique.

L'éruption cutanée ayant l'aspect d'une cible caractéristique d'une piqûre de tique.

Photo : iStock

Elle est d’avis que cela pourrait permettre d’en apprendre davantage sur les tiques et leur comportement et permettre des applications concrètes utiles.

On pourrait traiter le périmètre de parcs pour enfants afin de réduire leur exposition aux tiques. On pourrait aussi traiter les potagers qui ont des infestations de tiques avec un moyen plus naturel que les pesticides.

Une citation de Janet Sperling, présidente, Association canadienne de la maladie de Lyme

Janet Sperling explique que la meilleure façon de combattre la maladie de Lyme est d’éviter d’être mordu par une tique, parce qu’il existe des antibiotiques, mais ceux-ci ne fonctionnent pas pour tous.

Les associations de personnes atteintes de la maladie de Lyme racontent qu’elles ont dû militer pendant des années pour que la maladie et sa gravité soient reconnues. Elles rappellent que cette maladie est difficile à diagnostiquer et croient donc que le nombre de personnes atteintes est sous-estimé.

Le fondateur de la Société de la maladie de Lyme de la Colombie-Britannique (BCLyme), Bill Wheeler, pense d'ailleurs que les tests de dépistage de la maladie ne sont pas très efficaces.

Selon lui, le milieu médical n’est pas assez bien informé sur la maladie et ses traitements. Les recherches sur les tiques et les fourmis ne sont pas sur la liste des priorités des personnes qui souffrent de la maladie de Lyme.

Même si un nouveau répulsif contre les tiques peut être développé, Bill Wheeler souhaite des tests et diagnostics plus efficaces ainsi que plus de sensibilisation et de prévention.

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